mardi 14 novembre 2017

Fred Pelletier, naissance d'une vocation rock'n'roll

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Katja Lasan – C'est le troisième tome d'un diptyque, ce qui est pour le moins original. "Journal d'été d'un ado déjanté" vient en effet se rattacher aux deux généreux romans qui constituent la série "Gueule d'ange", de la romancière suisse Katja Lasan. Nettement plus ramassé que ses grands frères, ce prequel pourrait faire figure d'amuse-bouche à la série... ou de petite friandise pour le dessert. Le lecteur y retrouvera, en miniature, tout ce qu'il a apprécié dans les deux tomes de "Gueule d'ange". 


L'ambiance est aux vacances dans "Journal d'été d'un ado déjanté", où l'on fait la connaissance de Fred Pelletier alors qu'il n'est "que" Frédéric Moreau: il n'est pas encore majeur et voyage avec une famille d'accueil en Corse. Le début de l'histoire tourne donc autour de jeux de séduction entre Fred et Mélissa, permettant à l'auteur de dessiner un Fred déjà très mûr pour ses 16 ans, avide d'autonomie, sachant surtout exactement ce qu'il veut... et ce qu'il ne veut pas.

Cette maturité, l'auteure explique d'une part par le rôle d'initiatrice, en quelque sorte, d'Elsa, qui joue le rôle de meilleure amie; et d'autre part, par le parcours atypique du futur musicien, orphelin au caractère bien trempé, baladé d'un foyer à l'autre. Ce caractère doit s'exprimer, et les habitués retrouveront ce qui fait le charme magnétique de Fred Pelletier: une certaine violence adolescente qu'il faut canaliser, un appétit sexuel insatiable, et ces éléments de maîtrise de soi qui sont la musique et, dans une moindre mesure, l'équitation. Cette violence s'exprime aussi dans l'écriture, bien rock'n'roll et vigoureuse. Le lecteur se la prend en pleine face, d'autant plus que ce roman est écrit à la première personne du singulier et donne la parole à Frédéric Moreau.

En contrepoint aux amours estivales, l'écrivaine dessine la vie au pensionnat et au lycée, accordant la priorité aux interactions entre les personnages. Cela permet de décrire finement le ressenti d'écorché vif de Fred, bien sûr. Et en guise d'effet secondaire bienvenu, gageons que certains épisodes rappelleront le vécu de plus d'un lecteur! Enfin, quoi de mieux, à la fois évident et improbable, qu'un lycée, lieu d'apprentissage s'il en est, pour voir éclore une vocation? Parce que c'est bien là l'essentiel de "Journal d'été d'un ado déjanté": l'auteure dessine, discrètement puis de façon de plus en plus manifeste jusqu'à ce que ce soit évident, la manière dont Frédéric Moreau découvre sa voie. Plus que les sentiments et les étreintes, tel est donc le véritable fil rouge de ce roman.

Une star naît donc, mais le monde ne le sait pas encore au début de "Journal d'été d'un ado déjanté". C'est une graine qui ne demande qu'à grandir... L'auteure sème du reste quelques autres petites graines dans ce roman qu'on dévore: elles vont se développer plus avant dans les deux volumes de "Gueule d'ange". Exemple, et non des moindres (mais est-ce que j'ose le dire?...): tout le monde reconnaîtra Alice, l'instant d'une parenthèse enchantée et accidentelle dans un aéroport. Et c'est déjà une autre histoire...

Katja Lasan, Journal d'été d'un ado déjanté, JePublie, 2016.

Le site de l'auteure, celui de l'éditeur.
Lu pour le Défi des Mille.


Autres chroniques: 
Katja Lasan, Gueule d'ange, tome 1
Katja Lasan, Gueule d'ange, tome 2.

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